les déchirements l’océan vers ces îles ouvrent le jour
de la voix
le vent se mêle au noir et au silence
bleu la chaleur cogne en dessous
sans fond,
comme une muraille
la croix sur la voile crie l’extinction de la douleur
d’Afrique
les grands recouvrements de l’or et du sang
suivre les baleines, se coucher et mourir avec elles
as ilhas dos Açores
ilhas pigments Lamber sav 2010
la voix me prive de la mienne et je me couche à ses pieds pour dormir rêver au son des cordages quand le vent et les embruns présagent de l’île les flores de la mer et la déesse porte le songe vers les fonds les roches d’un astre strié voilé de rouge
et filles tranchantes comme la lave du volcan, de toujours fières et noires, immobiles sur la jetée du temps semblables à l’écume ont le corps enveloppé de blanc
ces mots ont murmuré les vieux hêtres dans la langue des premiers temps ont surgis les couleurs de l’écorce et le bruissement des jeunes pousses
l’aigle glissait entre l’air et le plomb la vallée embrassée dans l’envergure de ses ailes
les verts des forêts et la nudité des déserts
les brumes ont repoussés les glaces
les dos rougeatres des suds
dans l’ombre se sont retirées les vallées douces comme la descente des seins entre les pics dévalés des chemins escarpés à travers les fougères les arbres géants s’interpose gutturaux
le repos aux grandes pierres levées pour rendre grâce à la nuit
les chouettes gardiennes des écarts et les vautours sont la mémoire
c’est sans doute l’ours qui a murmuré une patte levée et cinq soleil sous la plante et griffant l’arbre-roi
la cosmologie du visage hérite des pétales et la fleur à désigner la pierre
le haut le bas
et le bois là- bas au lointain de la mer et au dela vaincre la peur de la brume
c’est sans doute quand les moutons rassemblés que le premier chien a jappé et que l’homme taillant son couteau a chanté, mots qui reprenent le choeur de la montagne
que rugit le tonnerre et dans les yeux l’éclair
Etxea, Lamber sav, 2003, encre
ces mots les souffles enflés et rentrés dans le pas de la marche
succession des enfilades
comme une avalanche un son pour caresser la distance
échos des vallées en vallées
relié du fil si tenu
couloir dans les gorges
les phases alternatives absorbent l’émotion
et mer qui frôle les sommets la langue est le tissages des franges
noeuds l’homme marche comme déroulent les mouvements de la journées
l’oeil a englouti le jour dans la marche
rude comme la sève
il grimpe le massif et effrite les roches et adouci cueille le brin d’herbe que fredonne la création
aux plis du minéral il fut convenu que leur nom serait le nom même de la terre, copiant en cela l’ours, le hêtre et le granit
c’est sans doute lorsque la première femme
enroulée dans l’étoffe
le lin ou les feuilles elle se fond au végétal enroulant ses racines dans la boue caline
se fendant pluie rude
son corps comme un printemps
le roc fleuri et la charge des vagues
lamber Sav, Euskal Herri, 2003, encre et pigments
nostalgie dans les sédiments du corps et plus profondément dans les prières
les arbres renvoient aux vents cette langue
les roches en surplomb de l’océan et le ciel quand attouche les étoiles libérant la soif et le lait des pâtures
Contre tous les déversoirs de haine Moi me reconnaissant dans ce visage et le corps lourd, après tous les virages en épingles et les boulots dans ces banlieues ou vivre s’essouffle, dormant la nuit dans les meublés, le poids sur les épaule baluchon et casquette de travailleur je récuse la crasse la saleté et la déprime, mes pas sans que rien ne parvienne à m’arrêter, ni un quelconque confort ni une idée pour laquelle mourir, souffrir et se sacrifier, dupé par les puissants et convaincu que la vie n’est que les vertiges du néant et vestige du jour, par les villes traversées, les campagnes désertées et les chemins goudronnés, que reste t’il à l’homme ? je me lève séant et convaincu de la beauté nostalgique de l’existant me mets à marcher, souriant en sortant de la ville et soufflant
photo : Mariene de Castro, Tabaroinha
éclaboussé de vie et ayant tout vécu je ne retrouve plus ce jardin, il est peut être à la lisière dans le creux des bois et la mer l’abrite t’elle ? les voiliers blancs que je confonds avec l’écume, l’étendu bleue et les écailles de mer j’y entend un appel Ulysse entendit les même et Boutès plongea, réunis sur la grève nous nous rassemblons tous poissons et écumes, algues coiffant les rochers moi j’y ai vu l’autre bout, la terre à traverser ou cet ailleurs que je confondais avec ce voilage arrimant à la femme se tenant auprès du palmier, arbre du bonjour au soleil et que la mer lèche, navire ou voile du vent, femme, brume ou déesse, est ce la mer ?
dessin : vers la voile ~ 1987
l’essentiel me disait de croire et le mouvement du vent et la joie de la source me conviait à la réjouissance sur cette langue de l’eau et dans toutes les mers, même les plus froides, des roches ou des lagunes, dévalant à pics ou s’étendant à mes pieds le chemin à travers les arbres y mène, de cette forêt où les plants et les herbes sont plain-chant, herboriste et fleuriste, il y manque la fleur, là au dela de la route qui, si on y va mène vers les villes et je le jure, même au coeur de celles-ci, sur un balcon ou coincé entre deux tuiles, surplombant le vide et prête à tomber, la fleur surgissant des entrailles rappelle le chant magique qui comme un filet de sable mais qui est d’or, comme de la suie et de la poussière celle des hydrocarbures et du charbon mais qui est or
quand le soleil à travers les yeux surplombe le vertige et glisse en mots de douceur, tobbogan de l’âme, martelant l’âme que l’on conserve contre les mauvais coups et que l’on éparpille partout où il y a la beauté fut elle laide et de béton ,
mais dans le sourire de mon crayon et dans mon obstination à contourner la rime et promener mes jambes vieillissantes, à tremper mon corps dans l’eau de vie quitte à y voir la déesse s’il le faut et même y aller à rebours à dos de l’incroyable pourvus qu’il y ait cette offrande et que déverse la musique sur la peau et l’or de l’oeil plonge dans la vie que je reçois, là où je suis où que je sois et plongeant comme ivre au fond.
porte t’on le tout-monde en soi
malgré l’exil malgré la fraction du monde en trois malgré le monde et malgré soi
rire l’exil d’ici et quand la vague frappe plus fort qu’un crash à Hyde Park est une antidote à l’exil
qui défie d’exil d’être au monde ne répand pas d’exil s’il ne se retourne pas et réinvente ce qu’il a laissé qui l’a tué, abandonné et que meurtri il a du quitté comme une meurtrière dans la tour éperonner l’alezan et à travers champs peut être d’iles et de malédictions jeter aux corbeaux si le tout-monde en soi porte à bout de bras malgré l’âme qui plonge et braille en ressac
le monde enveloppe et ce poignard d’être d’un lieu à rebours ou à reculons ne vaut pas que l’on se terre même si cime-terre danse Mame luck plus fort qu’un dervish qu’un dare devil et qu’erre
puisque à t’entendre même dans les caves et dans les villes
l’on accepte d’être de tous les mondes ou d’un tout Monde qui signifie qu’il n’est plus besoin de retour ni de marche arrière et encore moins
de panne sèche
même en plein désert la rain forest et les villes fut elle Sao Paulo abrite bien dans un pot de fleur un hibiscus prélude à l’après midi d’un faune,
bacille de la forêt d’émeraude
et chant des pygmées dans ce concert de klaxon
quand on écoute stomp le coup de balai se confond avec la pluie et les poubelles rugissent si fort
sacré baile funk je veux bien baile funk toute la nuit au rythme de ballet stomp et grommeler en ouvrant ma coquille un air
en quadrille
de conque et montrer ma binette
qui deux par deux
baile le funk
alors quoi la nostalgie cette douceur de l’âme est de tous les départ et ne se trouve qu’à l’arrivée quand touche terre terre les douceurs alizés emportent la tristesse et à Lyon les bouchons quand à Carcassonne et à Frankfort même le wurst chou krouté est poéllé
alors quoi il n’est plus besoin de se sentir des relents d’accents et d’épicer la tambouille
peut on vraiment, est ce vrai exploser au nom d’Allah les sanctuaires des saints de Tumbuktou touareg du désert ou Buddah d’Afghanistan les signes de nos traces sont elles envolées effrités et rien ne fait il plus de différence quand on acquiesce au monde
il serait le monde et on serait à lui , on se donnerait sans compter et on ne se retournerait pas car devant les voiles du sexe nourrissent les seins et l’esprit saint tout d’un même tenant et la boussole n’est qu’affective
Angèle etoundi Essamba
tu étais bien parti mais tu commences à dire n’importe quoi ! me dit il , le perroquet du haut de son perchoir a tout vu et me le répète mot à mot
que veux tu donc dire ?
Ne comprends tu pas ?
l’être au monde est il et cela suppose t’il qu’il n’est besoin de lieu d’ou l’on parle car de fait « on parle » c’est donc que l’on parle et donc d’un lieu
d’un lieu mais pas du lieu ,
ah y a t’il le lieu , plutot qu’un lieu, le lieu de l’aimantation, un pole à soi d’ou l’on revient et qui nous manque
qui nous meurtri et nous rappelle les chansons la langue qui douce mère nous tisse et que l’on chérit même dans la violence ,
faut il faire ce deuil là et ira t’on dans les cimetières retrouver les traces perdues ou le soir sur la falaise jeter les yeux dans la mer
ce lieu qui est en moi ne m’appartient déja plus
c’est je pense le lieu de la souffrance et le lieu du rire et du jaccasse vaut mille fois plus pourvu qu’en son estomac la nasse mêle tous les poissons du monde
monde dont je suis
et que d’exil la tristesse comme les baleines viennent s’échouer , déesses de terre dans l’ile rompant la promesse et l’alliance des grands fonds, un enfant s’accroche à la mer et scelle le pacte.
comment de sa position apparemment dominante, qui même si elle était de dominée de ce pic d’Europe de l’ouest
de l’intérieur même de cette zone de la dominance,
encore faut il adhérer à cette pensée qui irrigue les automatismes et la réflexion issue de cette société, l’homme s’y voit il ?
ils sont les survivances, et dérivent hors de l’histoire maintenant une trace stagnante , loin vers l’horizon ceci n’a plus de sens quand reviennent les bateaux chargés à ras bord des clandestins ou que les avions ramènent dans leurs soutes,
stagnante la source ?
ou est elle mouvante et vive des traversées sans borne des marges se poursuit elle à l’intérieur même des terres et des villes, quartiers rues, immeubles où se retrouvent les gens de tous les bords des terres, langues en mouvances, frénésie simple des partages, on observe le métissage et dans les êtres, frustres ou cultivés s’entendent les patines des tressages des imaginaires issus des luttes qui poussent aux rivages
crisse le bois d’ébène, bois blancs mort sur la plage et que le passeur transborde offre en combustible ou arrête dans les mailles policières, les halls d’aéroport et les hangars des mégapoles construites sur les os des peuples, ces archipels animés et de roche en roche franchirent les familles à la recherche du poisson, de la terre entourée d’eau, du coté ou allaite le chien
ici qui dans son plus haut pic, la langue cimente, tente de lier les gravats du monde, quand chaque grain de sable est l’héritier de la traversée et conte l’histoire, il n’est plus de vent seules les turbines carburent
et moi parvenu à ce seuil où l’on pourrait me croire de souche, quel chemin n’ai-je pris pour me retrouver là et pourquoi est ce que je brandis l’exil, pourquoi obéis-je aux vents du monde qui se retrouvent dans les visage et les voix qui sagaies tentent d’oublier l’oubli, renouer au seuil du rivage où je suis parvenu, j’entends les voix
qui des brumes des temps anciens, survive en l’âme et dans certains coins en bien en mal , enracinés dans le collier de mer et dérivent hors de l’histoire maintenant une trace stagnante ou est elle vivante, dans ces parages mornes du paysage, sont ce nos strates que nous piétinons et peut on encore se réclamer d’elles, croisés à être liés, dans ce présent isolé que le partage réclame, de cet entrem^^element de peuples, familles villages vallées se rassemblent, nouveau né aux marches des immeubles le long des pierres de cette route, l’enfant ne sait plus ni la soie ni les contes fantôme du feu.
ce qui m’intéresse ce n’est pas le français mais les gens, les peuples etc. individualités qui transitent par cette langue, le français sans les français dirait Anna Moi, qui de toutes façon n’existent pas , c’est pour cela que l’on peut dire cette phrase,
néanmoins j’ai l’impression que l’on revient à une fiction de l’identité nationale qui est hors de propos, sauf dans les sphères du pouvoir , dont on se fout (enfin moi ) par contre des individus nageant dans le bain de la langue française .. écrivent, parlent, ramifient des expériences, etc. là ça devient intéressant dans ce qu’ils apportent de neuf, de différent, humainement et avec des codes souterrains différents, fondant un tout-monde, un dit plus libre sans référence à cet agrégat qu’est le français et qui nous échappe, qui nous contraint et où on ne se reconnait que par habitude,
revenir à une langue identité est asphyxiant, vive la langue qui se déploie
en fait ce qui m’embête c’est de mettre en premier plan la langue française et l’environnement culturel dit de France soit-disant universel et de fait colonial ; la notion de France n’est que secondaire sauf si elle est fondatrice mais l’est elle ?
la maison blanche obstrue la rua on voit un arbuste dominer l’ombre et dans les interstices de la perspective passent les vides des possibilités fantômes d’une renaissance quand les femmes passent éclatantes dans cet ocre rouge le vert balance à se déchirer la rue s’illumine de la naissance et octroi les pas qui mènent vers la porte qui peut toujours être poussée un bouquet à la main.
une belle entre sur la beauté
âpre
une amertume s’y glisse
qui câpre
ouvre les lèvres
déblatère avec la vigueur d’un pidgin qui s’invente sans discontinuer, à toute bastringue, bastringue comme une moto de course lancée à toute allure et qui ne démentira pas,ni n’en démordra la jupe s’envolant et découvrant la pulpe
il ne s’agira pas de s’élever mais même à plat de continuer mais même lent à onduler sans discontinuer
d’où me vient cette impression que morceau après morceau tombe de l’arbre des noms aux peaux de fauves
pelures d’oiseaux et pelage des terres indissociables, qu’on dirait mottes, labour le bœuf tire la charrue et déchire l’antre du muet prêt à parler pour s’entredéchirer même quand la voix se fait câline et que le sexe s’entrouvre déploie les textures des couleurs et s’expose à la couleur dans les gestes pressentis qui veulent assouvir
le grand bleu du ciel tendu comme un cou d’autruche vers un nuage qui réclame pluie
hors de terre la voix continue à défiler et enfiler nuage après nuages les mues des mots sages comme un tissage
se dévoile
pour moi si j’ai cette envie de parler et de plonger dans cette eau violette là où le gouffre s’engouffre et infiltre les tirets mal à l’aise de la peau même si parfois j’ai mal par où le bas vendre fini à raison de trop m’exposer
la marche des illusions et des regrets, pleures pelures du passé et que je vois se reproduire sans relâcher ni discontinuer, en rut bien ordonné en somme sans trop se soustraire
il eut fallut que
mais
est ce parce que je n’ai pas cette envie de parler de moi et que je me dérobe mais que le train qui s’en va et laisse inhabités les bâtiments en friche et l’argumentaire est bien là la preuve des égarements et les rouilles des déraillements là où se sont affairés les vautours quand moi bœuf, coup d’œil attristé aux quartiers vauriens et assis court sur pattes je me retire le je du sac j’ouvre la fenêtre du train et je le jette dans la vitesse
les gens étonnés s’en foutent
trop absorbés solubles dans leur conversations les oreilles prises ou se bécotant ou tout simplement méprise ne sont pas là, qui peut le dire, moi cela m’est bien égal et le train n’y est pour rien ni les usines et les quartiers hasardeux de ce fatras d’immeubles qui loin de rire se partagent la vue mais qui sait, il faudrait leur demander si contre toute attente ils s’en trouvent bien et peut être exultent se croyant fort autant qu’ils sentent (puent) dans les jours de grève et que la plage se retire sous une poussée d’immondice issue des bouches, qui ne parlent pas mais poussent et hurlent tout dans cet accent qui se pousse indéfini et envahit tout mon champs de vision comme si de visions il n’y en avait pas d’autre.
ancienne carte postale de « Port of spain, trinidad-1900 – 1902
sans rapport aucun autre que des mots que je ne comprends pas mais que la chanson m’apporte, contradictoire comme mon envie de continuer et que le vent me porte.