De l’éclair d’un premier toucher à la lumière profonde et spectrale de la nuit, l’être remonte de l’insondable vers la peau des choses que la lumière transfuse. C’est une respiration profonde et un halètement qui permet au monde dans un présent constant de se révéler. Et puis il y a le trajet, le désir et le désarroi, le combat et la traversée, lorsque l’autre se confond aux roches du chemin soudainement l’irruption dans l’idée de la beauté qui sculpte et ajoute dans le pouls la révélation d’un monde qui chante , bruisse et disparait dans le silence des couleurs descendantes.
Cet ensemble de textes comme une progression dans la vie de l’homme, a fait l’objet d’une publication sous le titre « De si loin un sillage » aux éditions du Petit véhicule avec les pastels, créés pour l’occasion par l’artiste nord-américaine Brigid Watson. .

À rimer la nuit
l’antécédent ne cède en rien
Mugit l’immanence
La danse dans la poursuite d’ombre
la langueur déferlante des éveils
mouvement au début calme
de toutes les possibilités en mouvement
J’ai pensé à la brillance du jour
quand le pas est un souffle
que la lave de l’être remonte des promptitudes du jour
Là où le mouvement capte la vibrance
soleil tranchant
là où le corps est couleur
s’apprête à rebrousser l’engourdissement nocturne
La transparence et la matité vive
Y a-t-il un lieu loin d’une hâte ?
Voile de si loin un sillage
croise les rejets des attraits
Yeux des vagues
peau de l’eau sur les brisants
une tige dans les feuilles
les pleurs d’un soleil
Ocre carmin
rêve de nacre
le ciel pagaie
à peau d’étoile
Nuit retournée
pleins bariolés
Dans une nuit
débraillée temps
calme à cale
d’ivresse l’espace
comme une voile noire
Le vent tempête
la voile devenue vent
entre nos bords
s’engouffre
le vent habite ici
moi dans le vent
le monde dans le vif

Lave du jour
comme un naja d’étoiles,
Ma queue sacrée,
sifflante
comme un naja d’étoiles,
broute
à la massivité noire
Veloutée
la grenade crépue
plus forte
que le renoncement
s’entrouvrent les lèvres
l’extatique
pulpe sinueuse
Bouche
Les muqueuses voilent la clarté
une attention
soleille au bord de l’œil
Ton fiel
La contrariété de la violence
Traverse à l’asphalte
Blanc
Croyant me dégourdir je me tus tout à fait
crus
que le lait du ciel se déversait du seau d’Orient
Au nord
la pointe de la connaissance
au sud le tumulte
un tressage de finitude
l’accomplissement fil à fil
La chevelure à la voix de serpent
L’inertie et l’attente
les béances seule entrave à la colère
enlacée à la peur
en flammes la douceur mutilée

Cernes d’Orion
L’homme porte à corps
le bord de la lumière
dans son mouvement
transpercé
par le mouvement
lancé
dans l’inexistant du temps
où la marche est déchirante
la ligne
le sombre éclat du noir
Il n’y a que la peau
le vide
et les écarts
le regard
sans cesse
tente de fuir
pour voir
En la fonderie
verbale
le beuglement
solaire
et la fusion plissée
la distorsion
soudaine
des accalmies lunaires