Allées de vent
fourmis sous la peau
allées de sauterelles
de poissons
dans la mer
dansent à plat ventre
sous l’ombre
dans la crevasse
dédiée à la gloire
de la déesse
gîte et sombre nuit
éclaire des yeux
la roche
le parterre fleuri
sol à ras
de terre
le glas glissé
sous l’herbe
de la projection du
corps
magique
rayonne
en tous sens
quand le félin sort
la courbe solaire
mue de l’épaisseur
doigts agités par l’air
beau signe d’une nuit sans lune
ombre portée
double lumière
d’avant en arrière
esclave du soleil
vivre dans le creux
du bras de mauve
redessine le derme
violette ardeur
sur la surface du lac noyé
réfracte le blanc
l’iris iridescente
fleur de brune
rose piment
étoile poivrée
fille de cannelle
mère d’un pétale de rosée
si baille le matin
dès que la lumière
si le blanc de l’œil
allumée d’aube
éclot d’ivresse
le vaste ventre
au dessus du nombril
et en dessous
les fastes
les banquets
soumis à la vraie royauté
dans les pans écartés
par la jambe
l’aura neige
délicate couronne
du pied lacé d’or
que je baise
sans retenue

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Lambert Savigneux

je comprends que j’écris différemment lorsque je m’adresse de façon directe ou indirecte à une personne ou bien que je tente de cerner un sujet, Si j’écris face à l’incertain ou l’indéterminé de moi, alors la poésie parle directement à la chair du mot et à ce qui fonde l’idée.  Il est intéressant aussi d’aborder cette adresse ou cette tentative de description afin de mieux cerner l’écriture,  mais peut on  dépasser la description dans l’indéfini de l’adresse , n’est-ce pas ce que veut dire Gamoneda, ou non, et ne serait-ce pas finalement du lâcher prise ? Une confiance vis à vis de la relation qui suppose que l’autre comprendra ou que l’on fera mouche sans viser à point ? Question que je commence à me poser.

Oiseau englué dans la nuit
d’un seul coup d’aile
dégringolée de la confusion
revers de plumes
du bec ouvert sur l’air
arraché le masque
les chaines d’amarrage
à la muraille fictive
dans le ventre le spasme
puis choir l’emprise
pouls sombre dans l’espace
les clairs dévalent
des pentes de la tendresse
longue neige sur la nuit
à l’élévation sur le levant

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Soudain le vent prend la mesure
de l’éloignement et la vanité
d’agiter les cotes trop lointaines
soudainement tout s’est tu
des hurlements des tourbillons
les remous en dessous et les courants
plus rien n’est perceptible de l’élan
le calme a regagné la surface
s’est apaisé jusqu’à la profondeur
pleinement conscient de la densité
des mondes tonitruants de l’océan
lisse et saturé en son centre
oublieux de toutes ses tempêtes
se ramenant en un point
vive mère de toutes les fleurs
ses éclatements solaires sa joie
sœurs de la nuit et des étoiles
milliers de pistils pour la fin des temps
s’apprêtant à éclore c’est naitre
à cet inénarrable épopée de la flore
l’échappée vers le noir absolu
de la contenance blanche de l’amour
dans cet absolu éclatant de l ‘œil
aussi clair que la plongée en eau
si la lune répercute les marées
un seul clapotis de cœur fait taire
les grandes sueurs des tendresses
le reflux jusqu’au centre de soi même
l’âtre étreint de la grande faim
se contente de se savoir inéluctable
point de non retour de l’être
en éternelle reconnaissance
s’éloigne de l’éparpillement en vain
de la pulpe de ses essentiels

Ama-San, Fosco Maraini - 1960
Ama-San, Fosco Maraini – 1960

Je t’ai vu dressée comme un arbre
le visage sculpté de l’âme
émergeant de la beauté du monde
portant avec toi et l’eau et la terre
tu en avais l’effluve et le parfum
une écharpe de forêt sur les épaules
mélange d’outremer et de brun rosé
la peau allumée de pétales sombres
et l’émeraude axiome de l’océan
ventre non des yeux mais du volcan
remonte l’oiseau tout en couleur
le temps habillé de gestes d’ombre
revient continuellement arpenter
mon regard essoufflé de te voir
encore et encore comme une vague
bouleverser que je sois grève ou vent
entre tes branches le jeu sans réponse
de l’alizé effondré de l’élan éclatant

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Serré l’un contre l’autre les yeux de l’océan
sans doute l’oiseau a traversé les mers
te  voyant rêveuse face à l’eau
sur un bout de terre pourpre et de vent
ou tendre ou sauvage
ramenant les ailes se blottir contre toi
entre la peau et le monde
picorer l’amour dans les graines des forêts
de cabane en brins d’herbe au suc de salive
sur la plus haute branche porte sur la Lune
bouche de feuilles boule de sable
deux doigts de rêve abolissent la distance
deux ailes dépliée sur deux cordes de lyre
je suis cet oiseau je suis l’océan je suis la terre
fait claquer l’air musical en arche de lumière
te parant des plumes en sourire pour les fleurs
à ton être à ta terre à ta mer à ton âme
oiseau toi aussi mais beauté dans mon nuage

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Élancée de chair vive
sur les bord de l’eau
l’océan plein les yeux
a capté la lumière
l’émeraude
l’oxygène des choses
la tristesse de l’eau

gg
Sombre à la peau d’or
flore à l’âme du rêve
ton corps offert à la mer
pâmoison à la tige
gggggggune robe pétale
gggggggla bouche corole
gggggggla langue pollen
offerte au vent
à la vague en vague
plisse les plis
de la surface de l’eau

gg
Sur l’autre rive
fasciné par la beauté
ciel nuages et pluie
je te vois dans les fleurs
essentielle et lointaine
filer les nuages
les étoiles et la nuit
le jour et les mots

gg
Langue quand je te bois
à l’autre bout
de ma survie
synonyme d’arbre fou
de bateau à flot
de voile
de cent astres et ma vie
que je vois de si loin

Flash copy

Laura ma nuit

Dans la transformation absente de la nuit
d’un désir violent de laisser le monde
le déposer comme une peau vieille
se glisser dans la peau de l’eau
si doucement mouvante
souple aveugle et élastique
l’esprit s’étend aux marches
les jambes nues dans la mer
du remous silencieusement étale
du temps respiration vaste des clapotis
entre vagues calmes profondeur sombre
mouvements du corps dans l’eau d’étoile
longue brasse élan de mouvance horizontale
lentement avec attention sur un filin de hauteur
balancier comme de pirogue accordé aux rebours
j’ai pensé un tapage de bris de lumière sans horizons
dont le corps est l’exact réceptacle et déverse par la bouche
le rythme de la disparition fil tendu de l’absence à la présence
nos esprits peut être sont ces étoiles brillantes que des deux mains
je rapproche que ma bouche libère dans un baiser de douce tendresse
ne t’aimant jamais plus que dans cet instant où je me remplis de l’univers
où ton sourire et ta bouche m’apaisent pour l’éternité de la saveur amoureuse

le jour s’est levé
le soleil presque trop fort sur l’aube
aveuglant déjà la tranquillité
alors l’être est aspiré hors de la nuit
submergé
vague de la lumière
voyant clairement dans tous ces détails
remplir d’éclat la vie de l’homme
clameur de héro
sur les couleurs mais les gestes tendres
les allées venues vers toi
allument de feux
de ramifications
le jour
là où le ciel naissant cède à
la poussée du monde
ces avenues grouillante de sang
tourbillon flétri
ton désir irradie l’intouché de la naissance
s’élance dans les veines invisibles de l’ouverture
et s’épanche
dévoile la multitude de la journée
anéanti le repos comme des nuées d’oiseaux
colore de fougue l’immobile végétatif
couvre de mouvement solaire
l’imperceptible
ce feu tapi qui couve dans ton corps
cette âme qui flamboie
s’embrase à l’univers entier de flamme en flamme
fastes et royaume
cavaleries meurtrières de l’homme comète
l’atmosphère cédant
cette bombe qui hurle vers le monde
soudainement explose en une multitude de fleurs
le jour s’est levé dans le soleil

Va vers le risque de toi même
sans style
sans apprêt
sans intention
je te veux belle comme je te vois
lâche ta fusion comme ton sperme
par furie
par giclées
par tendresse
sans retenue
lâche ta couleur sur ton cœur
sans peur
droit sur la friction
là où les pans se frottent
vies fortes
heurtent de bruit et se cassent
je me sens hésitant
je m’arrête je m’interpelle
mais c’est l’idée qui meurt
la chute sans bris d’os
la beauté sans sève sans frôlement de corde
sans jet dans le vide
sans envolée
de risque
il y a la chaleur qui brule
j’ai peur que ce soit ça être un homme
et il y faut de la vitesse
sans doute sa propre vitesse
et pousser pour que tombe plus vite
qu’il n’y ait pas de branche
qu’au moins la chute soit sure
et qu’elle fasse mal
que la poésie soit ce cocon
de l’homme qui jouit
de tomber
et survivre pour le dire encore tombant

Kansuke Yamamoto - A Chronical of Drifting Collage
(c) Kansuke Yamamoto – A Chronical of Drifting Collage