Va vers le risque de toi même
sans style
sans apprêt
sans intention
je te veux belle comme je te vois
lâche ta fusion comme ton sperme
par furie
par giclées
par tendresse
sans retenue
lâche ta couleur sur ton cœur
sans peur
droit sur la friction
là où les pans se frottent
vies fortes
heurtent de bruit et se cassent
je me sens hésitant
je m’arrête je m’interpelle
mais c’est l’idée qui meurt
la chute sans bris d’os
la beauté sans sève sans frôlement de corde
sans jet dans le vide
sans envolée
de risque
il y a la chaleur qui brule
j’ai peur que ce soit ça être un homme
et il y faut de la vitesse
sans doute sa propre vitesse
et pousser pour que tombe plus vite
qu’il n’y ait pas de branche
qu’au moins la chute soit sure
et qu’elle fasse mal
que la poésie soit ce cocon
de l’homme qui jouit
de tomber
et survivre pour le dire encore tombant
