Les couleurs jaunes
fumées
séchées
tombantes
des feuilles craquelantes restées accrochées
aux arbres d’hiver
Passé de l’autre coté de la barre
poudreuse de rouge
le chemin d’ocre
ou le pole
aussi haut qu’il semble possible
avant de tomber
La pluie et la brume
ça et là des amas de matière
brumes noirs coulées blanches
ces accès du monde où l’écriture transpire
des laves épargnées
Ce sont des iles
l’ordinaire de l’humidité
ça et là
la suie où ça n’a pas séché
des embruns dégagent la calvitie
de l’ombre
muette sur la lettre
Pérégrination violemment accentuée
l’imminence occurrence
flambe
si je voulais être figuratif je dirai les feuilles sous la pluie
mais je décide de ce que le mot efface dans le lavis
de ce qu’il dit
un sabre
le sable
une envolée
le soir au bord du lac une calligraphie aide à penser
une calligraphie aide à écrire
ce n’est pas peindre, c’est écrire par le noir dans la feuille en tenant compte du monde
les aplats gris
et le mouvement inarrêtable de la pensée
et du poème
a coup de pinceau dévale la vie sans préciser
contre toute lumière
contre toute errance
il n’y a que l’amour qui est lumière
céder à l’emportement à l’attraction légère du poème qui brûle; on me parle de raison d’être, être réchappe à la raison
le poème comme la toile le papier qui s’embrase rend fou car il se déchire
la spirale de la banalité
les mots saignent et ton cœur soulève
ces visions où la fusion en feu est la douceur
la raison emballée mon amour s’en est allé
te rejoindre,
les deux paumes l’une contre l’autre
une distorsion est la poésie au creux d’un lit de braise notre envie
loin de, loin et contre la banalité qui est féroce et veut détruire qui lui échappe
la nuit je hante la respiration profonde