Cela faisait longtemps que je voulais faire un échange de texte avec Lan Lan Hue dont j’aime le blog rencontres improbables. D’elle, j’avais aimé un texte sur la francophonie et la saveur particulière que le français , la langue, peut prendre alors. Son texte , l’écume des mots illustre cette fascination à merveille.
Voila le moment est venu et je suis heureux de l’accueillir ici

J’ai regardé l’écume s’en aller, disparaître dans le vent, dans les vagues et puis les goémons. J’ai pensé aux mots, écume flottante eux aussi, dans leur valse ritournelle. Ne dit-on pas des mots qu’ils s’envolent et ne sont que vent, vent, vent… Je les avais cueillis jusqu’à présent comme une bourrasque venue du large, fraîcheur retombée sur le monde comme par inadvertance.
Des mots se sont levés, ils ont construit d’éphémères existences. Des histoires, des anecdotes, des théâtres de marionnettes ont mêlé leurs fils. Ils ont raconté les impasses, les espérances et les déceptions. Symptômes acides, vieux restes inassouvis, dans le courant des mots, ils ont tissé leurs phrases. C’était un cours limpide, discipliné, organisé. Mais dessous, grondant dans le monde sous-marin, est arrivée une onde forte, tourmentée d’algues et de coquillages. Telle une encre noire, elle est venue racler le sable, l’éclaboussant de vide et le trouant de figures inconnues.
Goutte à goutte, s’en est allée l’écume. Et puis avec elle, les mots, doucement égrenés, un à un sur la crête des vagues.
C’est la vie en ses histoires minuscules qui se réveille en levant le regard vers l’horizon.
Nacres soleil, erre du vent, vogue le temps.

Les mots sont des coquillages : en cherchant bien, on en trouve encore quelques-uns sur la plage abandonnée…
Merci pour cette valse de mots dans le vent !