Même quand je capte au vent, j’ai conscience qu’écrire est au delà de la description.
Même le confort d’être accoudé ou lorsque je me gratte.
Même quand je pose le pronom personnel et que je me situe dans le processus de la phrase établissant un point dans l’espace, je sais que je me trompe.
Où cette constatation me conduit elle ?
Quand je rentre dans une pièce et que je vois, je vois. Et plus important, je suis dans la pièce où je sens cette soumission à la présence me rendre vivant au sens de tous les êtres. Toute la différence ne tient pas dans un livre.
Je ne peux définir ni saisir,
je me saisi ou suis saisi, dans le mouvement, disons, du train qui écrase la calme de la campagne,
transbordement pris dans le processus industriel
relie Hendaye à Hambourg.
les implication sont telles que je ne peux qu’imaginer les hommes, les vies brisées, le fer et toujours moi à la chambranle qui déverse réflexion après réflexion sans même prendre le temps de se confier au carnet de note, ce n’est que relater. Que sais je du monde, je ne rêve pas et je ne suis pas éveillé, je laisse passer, me traverse sans y porter d’importance, sur l’autre rive, de l’avenue, je me contente d’y réfléchir, souvent je ris.
Je n’ai pas d’autre choix que de trancher. Je tranche et je façonne : ma poésie se situe dans le mouvement que je ne tente pas de concevoir, je suis pris d’apercevoir , la conscience uniquement au moment où j »accompagne, raccompagne du geste les restes de la civilisation qui me digèrent.
Le roman ne visait qu’à permettre la liberté, elle s’est emportée, les vies comme des vecteurs d’une pensée qui cherchait à rassembler pour comprendre, et laisser le passage. Mais le passage est obstrué et le roman est transmué.
Une rame cinglante, les vies n’ont rien de définitif, elles transportent.
Une image surnage hors de tout son.
Je vois le train entrer à toute allure dans la gare et me déchapeauter.
Le cataclysme a failli m’écraser.
Je ne cherche pas à m’entreposer.
j’ai regardé le train satisfait de mon inquiétude car je situe mon propos entre les bras que je serre et que je desserre alternativement muet et les lèvres desserrées parlent comme mon œil voit.
On penserait que je crois à mon existence et je laisse la respiration opérer, ou peut être je laisse la gare respirer ou le train.
Peut être suis je pris dans l’Histoire et je crie à l’Histoire, le monde et l’histoire sont un flot que je bouillonne, il n’y a pas de feuille où reposer, je prend en marche et regarde le visage qui s’offre et qui s’arrête.
Ce qui va vite sans voir ne cherche à voir si la pensée affleure tant pis si je dors et remonte en dentelés si la beauté qui sédimente dans mon sommeil féconde si ma marche est hirsute de l’avion qui m’échevelle, je suis dans l’Histoire,
Je braie comme un âne maintenant je me laisse traîner et j’ai le sourire du Bouddha, attentif uniquement à ne pas me salir, dérivé comme tombant d’écluse en écluse, sans refus je suis vivant,
j’ai le sourire du Bouddha et la caverne luit et je braie de parler aussi vite m’enlève tout inconfort,
je sais que la pensée fuse.
Ce n’est qu’un point de départ. Ma beauté est en nous.
Que fais je lorsque j’entre dans cette pièce et que ce que je vois dépasse toute description !?
Mais… tu… « passes à côté »… ce en quoi tu n’as pas le monopole… car c’est humain, quand on tranche, on casse… on s’isole… en ciselant… c’est alors que sourd le sang de l’écriture… et de surcroît la couleur sur le dessin si la vie nous accorde cette chance-là d’avoir le pouvoir d’exprimer nos maux en les respirant ?… Je sais, je demeure « hermétique » mais bon… est-ce une raison pour se taire ? ou se terrer ? Bien à toi, MC
Ce n’est pas le sens que j’y mets , mais je conçois que ce soit difficile de comprendre car c’est tout un contexte contemporain que je vise , pire ou meilleur, trancher parce que l’on ne peut ni étendre ni capter, ni se situer , c’est pourquoi arriver au milieu d’un processus qui nous empare n’est guère facile sans trancher, mais qu’est ce que trancher , comme tu le dis, c’est parvenir en plein milieu sans arrêter , alors le sang gicle ,n alors c’est le mouvement qui nous emporte et l’on disparait , emporté. On pourrait penser que décider soit préférable , et trancher peut être aussi ça , mais on ne décide de rien car c’est l’histoire qui décide , le mouvement – Au contraire loin de m’isoler je laisser le mouvement m’imprégner