Chaque mot une interrogation , en chemin penser
cette obstination à lire, se propagent les histoires consignées, trainent les traces appuyées comme des couvertures, enroulées comme des lignes,
mais est ce que le monde se dérobe ? ligne muette , soit que mes jambes ne me portent plus, soit que ce ne soit pas le transport adéquat pour atteindre à ce qui au delà de, est le monde , en soulever le poids ou la pellicule est apercevoir
humain dans le parcours ou l’arrêt
dans le visage et le port une partance
Il y a du déchiffrement, de la patiente archéologie, un déterrement ou un assiègement du temps, est-ce un fard, se sentir pelure pour apprécier le vital du visage , l’offre , comment tenir ce jeu dans la paume, enlever les lunettes, dis, qu’est-ce un paysage et comment marcher ? ( un peintre , un calligraphe, s’y appliquent, l’un observe, l’autre devance, les deux déchargent – et pourquoi décharger le monde ? c’est que l’on charge – est-ce que l’instant au monde ne suffit pas) – n’a jamais suffit depuis le moment initial où l’on croit voir , les questions sont sans cesse en mouvement , un train qui transperce et transporte, clos, hermétiquement à travers le monde , il faut s’en échapper ou du moins comprendre. Il faudra y parvenir – car on ne se paye pas de mots, on met à contribution et l’effort reflète – témoigne ce qui est dit , lu – possédé, met à distance et procède – il y faudrait un détachement.
Car sans le mot plus besoin d’acharnement – mais surtout autre chose entre de plein pied – monde qui nous est vie –
Je me disais que la poursuite du livre compensait l’insatisfaction de ne pouvoir voyager, aimer, rentrer en relation , faut il le livre ou gène t’il ?
la plus juste distance oppose t’elle le livre et le nombre de pages, torsade de tous ces fils que nous nouons
mais ne plus être en voyage et ressentir le manque , ou être en voyage mais ne pas comprendre , sentir que quelque chose échappe et vouloir être attentif ,
comprendre – ne pas isoler , l’accompagnement le dit bien ,
façon de ne pas être seul, isolé, dépourvu, empêché
tracer un caractère dans l’espace de ce que fut vu pensé senti compris
toucher
garder
relier
revoir
voir
atteindre
l’alarme est là
l’aliment est là ,
c’est comme entendre l’histoire en chemin, écouter, entendre et partager cette vie autre qui nous croise, l’autre, qui nous raconte, parce que l’histoire est à un croisement du soir ou du chemin, ou que l’on s’apprête.
Y a ‘il autre chose ? est de se sentir démuni face au chemin, que l’on ne soit pas parti ou qu’il y ait tant à partir, que le monde pressenti, l’autre étant si vaste et la faim si grande
que l’on en a,
Le chef de gare met en circulation, bout à bout les wagons s’entrechoque forme une queue comme des osselets finissent par faire un corps, telle est la bibliothèque, qui est une circulation , un long travail des eaux et forêts , le voyageur n’en a cure , il voyage
je vois plutôt un visage à travers les allées
un jour , il faudra formaliser, laisser le papier raconter de lui même ce que lui même sait
porter ce qui est au fond
le monde a faim
l’oubli, ce n’est plus voyager , c’est y remédier,
toujours le livre nous rappelle à ce qui quelque part, arrive
sans rémission quelque chose arrive
je pense à la veille , dans la nuit noire ou la vie froide ou vide
que dehors est à l’œuvre et que la récolte , au seuil , les mots contiennent en eux un gerbe de sensation, un devenir, une perte pressentie ou qui presse , le mot l’avait senti , se duplique , ces allées vides ou semblant semblables semblent vides, les lignes porte de mystère c’est à dire qu’elles ne sont pas close mais reposent ouvrant sur le coffre, la malle
cet emmaillotement que le réel recèle , ces mailles sont un fil, une pelote, un archipel , un roman, énigmatique, opaque de nos vies même si le roman n’est que l’idée que l’on se fait des parcelles,
nos membres sont les mots que je saisis , j’en ai soif car ils conduisent, n’élucident pas , au contraire , ils dispersent, la croyance que la voie est claire
sont là sont fatigués ou repus , ils dorment et jacassent , se moquant du promeneur qui ramassent les feuilles – j’ai tort de m’irriter
je cherche à suivre le fil
lire m’y rappelle , me maintient en chemin quand par malheur je n’y suis plus ou que la vue se dérobe et que je veux voir.
cette obstination à relever, on fini par accumuler et le nez les pattes contre terre se met à sentir , je parle de l’ours.
Est ce une croyance? que quelque chose circule dans les livres, est dans les mots, est-ce ce déroulement que l’on appelle le texte ?
Ressentir très fort l’interrogation, derrière le texte, le paysage appelle à la visite. Bises & Souffles, Lam.