Elle sortit au grand jour le ciel restait bas
Elle sortit au grand jour le ciel rampait à
reculons il noircissait de plus belle alors
elle comprit qu’il pleuvrait haut et fort ce
midi là entre ciel et terre à deux heures
elle n’était plus la femme à la poudre de manioc
elle ne cherchait plus des mains pour ce
fardeau à porter car dans cette ville que l’on
nomme humaine chaque voyageur traîne
comme une coquille sur le dos un fardeau
sans age c’est cela le temps cette peau si
légère qu’elle ne risque jamais de prendre
pluie
(………)
L était une lettre en majuscule qui avait
des doigts si fins des doigts-tamis des perles-
pluie alors elle comprit qu’une femme c’est
comme la pluie elle se déplace avec le temps
(……….)
Alors la femme prendra feu pour troubler
le jeu du soleil alors la femme sera pluie
dans ce pays au visage de lagune elle
portera dans l’immensité du désert comme
un pagne de fête toutes les couleurs de la
terre elle portera tatouées sur sa
peau toutes les lignes du temps comme
un livre ouvert à la page de la vie majuscule
(© Tanella Boni, grains de sable, ed. le bruit des autres)
Isabel Lunkembisa ,sur Média tropique
