A m’être endormi en écoutant cette musique, je me remémorais les plaintes du Bosphore, les saveurs du café et les ombres, en fermant le livre qui parlait de musique et de cette extraordinaire moisissure à vivre que certains trainent avec soi, le regard n’est pas conciliant , il y a des pointes qui lorsqu’elles piquent font sursauter, surpris de soi être aussi fragile comme la musique le dit, ou ambigu, méandre où l’on se surprend, entouré par la beauté qui est au cœur même des gestes qui nous activent, la musique encore est un fluide dont le courant pourtant se frotte aux pierres, est pris dans les algues et les tourments de bourbe, l’on est surpris de ces pointes qui nous déchirent , l’on se révèle comme ce caprice ou cette exigence qui t’oblige à me regarder différemment, rien n’y fera je ne pourrai endiguer cette demande comme une tête qui roule dans le panier , je crois bien que l’existence tourmente, les dérives étant tout autant exaltantes que vives,
je pourrai parler du toit de la vie ou du Thibet de notre âme , mais c’est ce retournement à l’instant de m’endormir que je retiens, la couleur ambigu de ma pression et de cette idée que j’ai
c’est une mue
c’est uniquement ce qui est remonté de loin ou qui était si proche, que l’on a pas vu venir
on s’y était habitué
on lui prête des traits de bête alors
que dehors dans le jardin humide grouillent
et sur ce la statue ramène doucement le regard de celle qui rappelle les infatuations que j’ai perçu
