Mon Amour
ce seul nom dit assez mon amour, mon trésor , je t’envoie ce baiser car de bon matin je ne peux me résoudre à ne pas participer au jour
ce matin la fébrilité est de retour, comme hier comme avant hier mais l’amour qui me rend fou brille sur nos vies, il brille au coeur même de la nuit, du brouillard et des pluies acides de la corrosion qui dans l’atmosphère rogne ronge nos vies nos beautés brutes comme des parasites ils sucent s’installent au corps de nos mouvements et nos ascendances, ils blessent
je ne veux pas te parler de cela mon Amour je veux te parler de ce qui nous réuni, de la force avec laquelle la vague nous a installé ensemble au centre du dispositif en pleine gloire et dépositaire de la lumière, les greffons d’or nous lient aux épaules, nous sommes au seuil de la courbe parvenus au faîte de cette roche du bonheur, cette trouée de l’exigence nous a laissé passer nous l’avions creusé toute notre vie avant de nous retrouver là exposés aux vents à la percée de l’étendue que rien n’arrête, soudainement sans effort dans cette immense apaisement le monde nous apparait infini et sans fracture ; ce moment serrés l’un contre l’autre où la braise s’est mise à parler où la bouche s’est ouverte le corps s’est attaché plus libre que Jamais ce moment là nous a détaché installé couronné mariage ma bien aimée noces et irradiés de la douceur la secousse la frappe la déflagration nous a laissé attendris dans la tendresse des flots d’azur le bleu divin de la parure et le rubis de nos regards le monde nous entourait révélé
et nous étions , le départ est comme une barque et l’océan nous enserre, à chaque instant nous pouvons couler enserrés comme d’un seul nos regards embrasés nos cils comme des filins qui nous relient à la voile, les dieux nous parlent et nous portent, traine dans la poésie notre œil le diamant d’ Isis dans toute chose que nous croisons
IL FAUT CROIRE
tu me parles de l’évidence et je ne peux nous concevoir qu’enlacés, la vérité, je ne peux concevoir de voile quand nous sommes nus et à l’aube je dégage les algues et les rejette doucement, je mets de l’ordre et je plonge les yeux dans ton corps qui dort j’y puise ma force,
aujourd’hui le calme s’est fait ouragan, Ouranós étoilé et ciel est au loin le monde est une tempête quand nous ne savons voir quand nous abandonnons et ne voyons que le bruit et la masse opaque des sans couleurs, disparus ; autour de nous un seul répit, l’onde est douce et la buée rosée dans ton œil s’entrouvre dans un sourire , la reconnaissance, l’attendrissement au réveil, la violence est resté dans les fonds du sommeil, les limons de la fertilité retiennent nos vieux souvenirs s’en vont le long des courant sombrer dans les trous des échappées,
mon amour, il n’est qu’un mot même sans majuscule auquel je me rattache le quotidien sans discourir cette suite tranquille des petite tâches du grand effort , notre chaine d’or est si légère, elle nous pare et nous libère Ô paradoxe je pense à toi le balai et l’éponge rétablissent la vérité, les poussières élues se sont déposées, j’écris
il faut sourire
nous savons que le monde s’ouvre et nous poussons l’étrave, le flot nous accueille et celui des hommes recule, nous saluent les sourires se remettent à briller comme au temps de la communion l’eucharistie nous percevons sa bouche dans sa main et nous salivons, nous rattachant au monde, existe t’il un mot pour le dire sans crainte des répétitions
ô mon Amour nous sommes l’effroi
nous sommes l’espoir , la peur s’en est allée, nous avons cessé de trembler et nous nous trempons dans l’encre divine et nous écrivons dans notre feu notre embrasement
peut on parler d’embrasure ?
je perçois une porte, une ouverture , le volet est follet comme une luciole en respirant décharge les mottes où se s’est inscrit la pesanteur
je veux gagner du temps, hier soir avant de partir se coucher nous avons évoqué ce voyage, nous avons parlé de cote brisées et d’oppression, au réveil elles n’étaient plus, l’horizon est dégagé nous avons saisi les rames en nous embrassant
au loin le continent la rive est piégé par les tours et les détours, délimité ce tissage est lourd des coups de révolver, on y voit dépasser les hurlements dans le silence, mais qui peut craindre le silence, comme ceux derrière le talus, les nôtres nos frère d’embuscade nous attendant, que se dévoile le fleuve, lourd de nos morts il charrie la vieille terre
o mon amour, tu sais qu’elle nous rappelle que l’ile des pleurs réclame la réjouissance, tu sais que nos mains déliées ont un recours dans les doigts et que file l’aiguille, les fleurs la traine des bosquets sont un parfum de résistance, le jasmin et le laurier la gentiane de la montagne a fait l’amour aux bougainvilliers
la règle stricte l’orgueil du pouvoir meurent dans un sourire, je suis là, j’ai renoncé à comprendre car je sais j’ai saisi et cela me suffit
même me nourrir me semble illusoire
hier la violence a tenté de faire irruption comme ces éclats de Sarajevo à Gaza, Madrid ou Belfast oublient la déflagration dans l’enfer pourquoi rester, résister ? je me suis accroché à la barre qui me frappait et nous avons roulé sur le coté sans lutte car mon poids a bouleversé elle est perdu la guerre ne m’entrainera pas
la révélation ton sourire et l’empreinte de ton corps sont mon sceau, je l’appose en embrassant le monde mon nom résonne et j’acquiesce, je prononce nous une prière, un mot magique
j’ai gagné le combat, je ne sais pas comment m’y prendre mais pourquoi prendre ? hier délesté de la colère j’ai croisé le pouvoir il avait l’air affligé, mon indifférence lui a paru inconcevable il m’a laissé en maugréant, il finira par comprendre et les regards des meutes ont enviés ma chair, je ne leur donnerai pas à mordre, comment vivre et passer outre, contrebande de la poésie la résistance dans les talons, la nuit nous protège et le petit matin
je n’en sais toujours pas plus même si nous sommes la risée si arrivés au milieu du fleuve plus rien ne peut rattraper. L’éclat de l’astre nous aveugle et nous baissons les yeux. La fierté non l’insolence.