le beau jour

Il pleut, j’interromps mon travail, ma pensée se tourne comme une fente soudaine et elle baille ; cet éclat de lumière que la Méditerranée avait ce matin, tu te penches sur mes neurones et tu ouvres bruyamment, tu ressembles à la Grèce, tu démêles les feuilles et les sarments, tu renvoies à l’ordre du bleu du ciel, ce n’est pas le bleu, l’heure est striée de rouge  l’orange et un peu de vert picoré de jaune, les mésanges ou le bleu de la mer de loin se posent comme du pollen.

Un prénom russe est arrivé sur le chemin, il avait l’air fatigué, du creux des rêves à l’aube je lui ai donné une crêpe, il m’a donné des nouvelles de Pologne, il s’est mis à pleuvoir, la neige était dure, de la glace perlait du ciel, et l’eucalyptus a eu un haut le corps, je l’ai enveloppé dans le manteau ramené d’Ukraine, vers les creux du repos il est parti, laissant le soleil intact.

Mon réveil émerveillé a battu si fort que j’ai pensé à toi, en rabattant les couvertures, un volume de Trakl est tombé sur le tapis, je sais il n’est pas russe mais il a voyagé si loin, dans les trains à bestiaux d’avant-la guerre et si fort sur mes lèvres qu’il s’endormait aux ruses de l’occident quand tombe le sommeil, il revenait de Cracovie, craque où il y a vie, bâton dans les nœuds des bois au soir quand le froid m’embrase et que je pose le téléphone, murmurant comme un sédatif  :

Ô grandes villes
Bâties de pierre
dans la plaine !
Avec quel mutisme il suit
Le vent, l’apatride
Au front sombre,
Et les arbres dépouillés sur la colline.
Ô fleuves s’enténébrant au loin !
Angoissant
L’atroce soleil couchant
Dans la nuée d’orage.
Ô peuples qui meurent !
Vague blême
Qui se brise sur la grève de la nuit
Chute d’étoiles

Et puis le russe s’en est allé, le café avait une couleur du nouveau Mexique, au moins les feuilles jaunes cherchaient le cours du bleu, pour un instant perdu, étaient les feuilles, vert naissant du presque blanc chanter la naissance et je m’en suis allé fouler la terre, les herbes et le thym, grave et divagant, le soleil avait ton parfum celui dont tu pares la lumière et que tu peins inlassablement, qui a fini, peut être par se confondre avec toi ou est ce un leurre ?  j’ai compris le bleu qui n’est pas l’ombre mais qui recouvre, qui s’est posé sur les fenêtres.

J »ai saisi les filaments dans l’iris, j’ai regretté les étoiles et je me suis levé, j’ai marché d’un bon pas vers toi comme jeté un pull sur mes épaules, gentiment soulevé des perles et des tissus rouges, le blanc enlacé finement, rejoins les tissages des herbes avec la brise et les cuillères peintes, comme des visages au henné, palpitant  les icônes et les doigts du mistral dans la glaise.

Enveloppé des taches d’or suis tout imprégné du vert, mon corps dans le souffle, un parmi d’autres, arbre, j’ai bu la transparence, le poil tacheté du monde s’est mis à avoir soif.

ce n’était que le début du jour se confondait avec le temps, j’ai respiré jusque âme mes  pieds, conscient d’être dans le beau jour.

Il me restait à déposer mes hardes.

Publié par Lamber Savi

Défiance créative: peindre, écrire, traduire, simplement suivre les bulles du courant http://about.me/lsavigneux

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

%d blogueurs aiment cette page :