espagne , le poète jorge Guillen , que j’ai lu et relu et dont la force des mots , l’espace qu’ils entrouvrent m’a absolument fasciné , ‘en espagnol’ en tout cas ,
soy , mas , estoy , .respiro
lo profundo es el aire
la realidad me inventa
soy su legenda. ! salve !
dirons nous la sensibilité ibérique , une attitude de pensée et de sentir qui fait des artistes et de l’art espagnol , malgré leur différences , quelque chose d’à part , je trouve , loin du cartésianisme français ,
je cite extr. d’un petit livre sur l’espagne : «
« ver » c’est en effet la première fonction de l’activité spirituelle espagnole comme manger est la principale préoccupation , l’oeil espagnol diffère de celui que nous nous appliquons à éduquer en cela qu’il saisit les limites, qu’il choisit l’essentiel, l’esprit et ne s’arrète pas sur d’inutiles détails , il regarde droit sur l’art . Voir c’est déja exprimer …. ce sens profond de ce qu’est la peinture comme provocation à regarder , comme prolongement sensuel de vue intérieure, de la joie spirituelle à saisir la lumière , les couleurs et les formes , et d’en créer par la main une existence seconde , qui relance indéfiniment le plaisir et l’inquiétudde de voir . »
je pense que la même chose est vraie de la poésie espagnole avec comme un espace ouvert , sensuel , par , entre les mots , sans doute les critiques et universitaires vous en diront plus , je ne fais que le ressentir et m’en imprègner ,
marti i pol , rafols casamada , antionio Gamoneda , jorge guillen qui inspire le basque Chillida et beaucoup d’autres artistes que je n’ai pas le temps de nommer ou que je ne connais pas , c’est l’espagne ,
oh joie de Guillen
( commentaires de Danièle Kuss dans son livre jorge Guillen, la lumière et les lumières)
» oh lumière de l’univers
pour moi tellement natale
en joie de révélation
pleinement »
« je suis, mieux, j’existe. Je respire
le profond est l’air
la réalité m’invente
je suis sa légende. Salve! »
« C’est le monde en résurrection qui me sauve
le rayon de l’aurore invente tout »
des mots chrétiens utilisés pour désigner un rapport à l’univers et non à Dieu, pas anti chrétiens mais sur un rapport différent , j’aime le commentaire » nous ne sommes pas un être pour nous mais vers le réel » et percevoir le monde n’est pas seulement sentir le monde mais être présent au monde ; que la lumière ne devrait pas être reçue comme une offrande mais qu’elle devait être partagée et d’abord reconnue
« entre deux vies proches il n’y a qu’un abîme
derrière le parfait accord la dissonance assaille
et atteint un paroxisme
qui doit absorber enfin la lumière du jour »
dans la nuit, privé de lumière, l’homme est un esprit sans monde. il n’est plus cet accord entre « l’intérieur » et « l’extérieur » entre le « yo » et son au-dela, l’autre.
la forme d’une incarnationdans une de ces noces sublimesoù se fondent ensembles l’idée et la musique.
l’idée est alors signe de la réalité en état de sentiment.
tout éclate, tout resplendit, tout est dans cette clarté d’un temps spatial. Tout participe de cet équilibre suprème et nous invite à cueillir cet instant comme un fruit mûr, à sentir souus nos pieds la terre, à être le trait d’union entre l’air et la terre, l’espace et le temps, à faire de noqs deux bras la rayon du grand cercle.
« si je m’oubliais, si j’étais un arbre
tranquille,
des branches qui déploient du silence,
un tronc bienveillant »
la lumière glisse le long de l’ombre, l’ombre n’est pas hostile à la lumière, elle ne l’afronte pas, elle l’a laisse glisser …
« mais avec ce vert
qui peut tout se permettre
s’offre en donnant l’assaut,
vert, vert, vert.
feuilles! et la branche
fuse vers le soleil
… soif de vivre
dans la lumière, là
dans cette croisée des cieux
qui enveloppent tout »
« regardez: l’arbre
tend vers la délectation de son bleu immédiat »
« si pure l’ardeur du blanc
si pure, sans flammes »
« mais le soleil rectiligne
vient…
accord, cloture, cercle! »
le monde est à nu, il n’est plus que symphonie d’angles aigus, d’arrètes brisées et de lignes droites qui fuient éperdument.
la lune n’est pas lueur diffuse mais présence ronde qui stylise la sveltesse d’une ligne dont l’esprit tend à cerner le monde
lumière: on la voit, on la touche, on l’entend, on la sent, mais elle n’est ni couleur, ni odeur ,ni son, ni toucher. elle à la fois une synthèse des quatres éléments et un cinquième.
bachelard et guillen
« Nous croyons possible de fixer, une loi des quatres éléments qui classent les diverses imaginations matérielles suivant qu’elles s’attachent à l’eau, à l’air, au feu ou à la terre … Pour qu’une rêverie se poursuive avec assez de constance pour donner une oeuvre écrite, pour qu’elle ne soit pas simplement la vacance d’une heure fugitive, il faut qu’elle trouve sa matière, il faut qu’un élément matériel lui donne sa propre substance, sa propre rèqle, sa poétique spécifique »
( Bachelard , l’eau et les rêves, cité dans ‘Jorge Guillen , D.Kuss)
« Sur le jour, bleu compact
Le firmament se voûte.
C’est le couronement
De la splendeur : midi
Tout est coupole. La rose
Au centre sans le vouloir, repose
Au soleil du zénith sujette.
Et le présent se donne tant
Que le pied sent en marchant
L’intégrité de la planète.
( jorge guillen, cantico)
JORGE GUILLEN
JORGE GUILLEN, la musique sonore aux sens de ce qui est dit , la lumière du son du mot , je carressais ma langue au palais de ses mots qui faisaient sens, musique, oeuvre, résumaient tout » lo profundo es el aire » et tout était dit , un monde s’ouvrait bien au delà de ce que Chillida a répondu en sculpture , un monde poétique qui n’avait plus de fin , la lumière infinie du réveil du monde, dès lors j’avais envie de dire plus que ce que je peignais , mais comme une seule même chose bicéphale , l’écriture , même si elle est à gagner , par le travail , le pli et le repli, car il faut se laisser pénétré par cette matière , comprendre comment cela fonctionne et parvenir à créer , mais l’essentiel était là, qu’il y avait ce possible qui me faisait entrevoir la poésie, telle que je ne l’avais jamais vu. libre, aérienne, limpide;
mais c’est la respiration de cette langue de peintre, de musicien, de magicien, de lumière qu’il faut laisser résonner, c’est comme cela qu’il faut le lire, dans le brut de la langue, ouverte, à la lumière des silences :
( El alma vuelve al cuerpo
Se dirije a los ojos
Y choca.) – luz ! me invade
Todo mi ser. asombro!
Intacto aùn, enorme,
Rodea el tiempo. ruidos
Irrumpen. como saltan
Sobre los amarillos
Todavia no agudos
De un sol hecho ternura
De rayo alboreado
Para estancia diffusa,
Mientras van presentàndose
Todas las consistencias
Que al disponerse en cosas
Me limitan, me centran!
Hubo un caos? Muy lejos
De su origen, me brinda
Por entre hervor de luz
Frescura en chispas. Dia !
Una seguridad
Se extiende, cunde, manda
El esplendor aploma
La insinuada manana
Y la manana pesa,
Vibra sobre mis ojos,
Que volveran a ver
Lo extraodinario : Todo.
Todo esta concentrado
Por siglos de raiz
Dentro de este minuto
Eterno y para mi.
Y sobre los instantes
Que pasan de continuo
Voy salvando el presente,
Eternidad en vilo.
Corre la sangre, corre
Con fatal avidez.
A ciegas acumulo
Destino: quiero ser.
Ser, nada mas. Y basta
Es la absoluta dicha.
Con la esencia en silencio
Tanto se identifica!
Al azar de las suertes
Unicas de un tropel
Surgir entre los siglos,
Alzarse con el ser,
Y a las fuerza fundirse
Con la sonoridad
Mas tenaz: si, si , si
De veras real, en triumfo
Soy, mas , estoy. Respiro.
Lo profunde es el aire.
La realidad me inventa
soy su leyenda. salve!
plasticité de la lumière – Guillen 4
medium_Numeriser0028.jpg »La poésie nait sur la mémoire… soustraire à la contingence du temps, ( quid de l’instant ? L) le nom traduit et dévoile l’essence du réel, porter à la clarté de l’être le fourmillement obscur de l’apparence immédiate,
( denis Huisman: toute création est avant tout procréation… toute création devra se faire dans la joie même si la mélancolie, le doute , l’angoisse préludent à l’enthousiasme d’avoir triompher )
Quelle est cette présence qui le réalise et le situe, le révèle au monde, à lui même et aux autres, la forme, l’oeuvre d’art devient un possible salut ;
Seul le poème en tant que forme recréée répondra positivement à cette intention d’être toujours. surgissement… métamorphose fondamentale, l’artiste substitue son ordre à celui du monde ( ?/ pas vraiment d’accord , l’homme ne s’immisce t’il pas dans la création et prend sa place L) et par la même créée un monde irréductible à celui du réel
vision qui invente… découvre et dévoile les êtres dans la profonde affirmation tranquille d’eux même.
medium_vague.jpgretrouver l’eurythmie originelle, la reconquête de la lumière et et la reconstruction de la réalité ( forme) , mouvement perpétuel , masse palpitante , frémissement.
mais la lumière glisse sans fin
sur les limites
oh, perfection ouverte!
horizon, horizon
tremblant, presque tremblant
de son don imminent.
c’est au nom de cette même volonté de densité et d’exactitude que G ne laisse pas la ligne lumineuse s’étaler sur la surface. Ou s’il le fait c’est pour que cette surface de lumière soit un palier, une étape pour aboutir au volume pur, soit pour aboutir au modelé d’un volume ,les points de lumière latents donnent des indices d’une ombre secrète, ombre qui devient une masse, puis une forme puis un profil et enfin une présence.
Recréer les formes donc les sauver. Créer un espace et se créer en tant qu’espace. L’espace se propage, se diffuse sur les cimes comme un rayon de lumière et le poète parle « d’altitude de clarté active »,
la lumière du poème se manifeste dans la matérialité massive de sa splendeur, … la lumière naturelle géométrise l’espace,
elle est une donnée intégrale, spatiale et temporelle, immédiate et transcendante, mentale et sensible.
elle est son regard , sa main , sa voix ,
elle lui permet de regarder, de toucher, de dire le monde
l’oeuvre d’art est vie en face de la vie, mais elle est aussi animée (anima) par la coulée du temps des hommes qui la métamorphose et s’en nourrit
perception, traduction, construction et animation tout concourt à la recréation de la lumière perdue dans l’inspiration, la liberté et la rigueur, l’amour l’effort et le refus. L’affirmation du fait poétique en face de la réalité se situe au niveau de l’être, elle apporte l’éclat furtif d’une réponse à la question qu’au long des millénaires pose à l’homme en quête d’être cette part d’ombre qu’il renferme et qui ne mourra qu’avec lui »
( Danièle Kuss, Guillen, la lumière et les lumières , l’harmattan)
je suis fasciné de voir à quel point je retrouve en Jorge Guillen mes propres interrogations , mes tentatives de réponse , ma pensée profonde et jusqu’a mes propres mots ,
j’avais lu Guillen en espagnol et avait senti ce pressentiment lumineux d’une parenté, j’avais vu se recouper ses nombreuses traces , trajectoires , intuitions qui témoignent aussi de mon être profond , émerveillé de se sentir traversé par se sentier lumineux du silence à l’oeuvre au corps de l’oeuvre , silence qui dit la matière en ellipse , car pourquoi décrire ce qui est ( la matière) comme un roc qui ne se laisserait pas apercevoir même s’il hurle de présence au fil des jours à l’insu ,
la lecture m’avait donné cela qui s’était recoupé avec mes propres réflexions , s’était mélangé à d’autres lectures et visions , fabuleuse lanterne dans la nuit
prélude au corps environé de lumière , qui se pressent et finallement , urgent dans sa pression à vivre trace le poid du vivant , érotique enflamement qui dévoile toujours plus de présence, et zèbre de fissure la présence que l’on croyait apercevoir , sentir désir flamme du corps émerveillée
la langue étrangère dans son espace se révèle aux brumes ou l’être , l’homme ce corps ombré se tient , la lumière des mots, inattendue éclaire , évidence dans l’éclipse.
13:20 Publié dans poètes et poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note
01.02.2007
¿poète? jorge GUILLEN 3
le poète affronte la bête et l’obscurité, appelle à son secours une lumière urgente. le poète refuse d’abandonner son moi personnel, il refuse la cessation intellectuelle, » je ne cède pas , je ne m’abandonne pas » la réalité lui fait face avec ses ombres et ses lumières , en voyant le néant prendre possession du monde il l’affronte ainsi :
« je me compose
pour ma souveraineté
la paix d’un ilot propre »
la création m’enchaine , la vie n’est pas un songe et le poète ne peut pas fermer les yeux au domaine de l’ombre, à l’au dela concret , être c’est être battu du flot extérieur , c’est accepter les vagues les plus fortes,
il fera partie de ceux qui maintiennent les choses vivantes, c’est à dire qui les créent , l’acte est la manifestation de l’existence , l’homme n’est pas ce qu’il cache, il est ce qu’il fait,
c’est dans l’acte même de son effort que l »être trouve à la fois sa raison de vivre et la preuve de son existence, exister, être , préserver dans son être , telle est l’oeuvre à accomplir , la lumière à créer,
l’obscurité gagne du terrain et ses pas le dirigent vers une lumière inconnue.
la lumière humaine rend mes yeux amoureux …
tout semble devenir clair et pourtant le poète est contraint de créer des ténèbres pour noyer l’émotion, la notion et l’affection car il souffre il est encore une créature de chair et de mémoire un corps sur terre et dans le temps
la lumière présente à l’homme dans un miroir l’image de sa réalité,
la seule présence de l’être aimé accorde l’homme et l’univers, la femme est décrite comme un paysage et plus précisément comme un fleuve, en étant soi même paysage l’être aimé dessine et situe le monde extérieur comme le fleuve dessine la plaine, ce monde qui réalise l’homme , lui donne existence et lui donne aussi l’essence en lui offrant un objet de désir et de création ;
la présence seule a offert à l’homme l’existence
le désir lui offre l’essence
désir, délire, fureur, plaisir
la plénitude juste
Aimer, aimer , aimer
Etre plus, être plus encore
Aimer dans l’amour
resplendir dans la lumière
le temps ainsi goûté par le corps et l’esprit s’attar’de comme trop lourd de son fruit mûr. le maintenant véloce ralentit sa marche et le point du temps semble s’élargir, ne plus s’achever, atteindre même aux dimenssions de la vie entière, de l’éternité
chercher la clartédans les moindres recoins de l’univers pour parvenir à être homme, il refuse l’état poétique, l’inspiration passive non réalisée, la confusion des rythmes , des images et des idées ,
la vie du monde entier a été sauvé par la perfection et la pérennité de l’instant. la nuit ramène chaque soir ses ombres mais il n’y a plus d’angoisse, la créature lui oppose mieux qu’un refus, une présence positive
toi, toi, toi, mon incessant
printemps profond,
toi, mon fleuve de verdeur
aigüe et d’aventure!
toi, fenêtre sur le diaphane:
dénouement de l’aurore,
modelage du jour
toi, midi en sa rose,
tranquilité de feu:
sieste de l’horizon
§
un tel bleu exige de tels
accords avec sa beauté
que le monde à nouveau recommence
avec toutes ses sources
nommer et exalter le monde, ce monde qui est né de la lutte de l’être et du néant, le verbe devient entre les mains du poète un talisman qui donne par son seul contact l’existence aux choses comme le faisaient l’aube du jour , le nom permet à la conscience de concevoir et de maîtriser la multiplicité des sensations, leur instabilité dans l’espace et dans le temps. le nom réduit la chose à sa nervure , le monde à sa quintessence. le poète doit ‘lutter(?) avec le mouvenent jusqu’à l’emprisonner dans un substantif, « un volume en repos »
Un avis sur « españa en Guillen … salve! »