
RêvHäiti, recueil de poésie aussi proche de la musique que de la vidéo par les raccourcis qu’il opère, est typique de l’œuvre de cet écrivain majeur de la Barbade qu’est Kamau Brathwaite. Encore une fois, les éditions « mémoire d’encrier » nous permettent d’accéder à un monde littéraire peu fréquenté : le quotidien palpitant de vie, les tragédies, les sons et les images d’Haïti.
Kamau Brathwaite, écrivain de langue anglaise, ouvre pour nous une langue puissante, riche et vivace, surprenante par son rendu musical et plastique qu’il rend sensible par les effets typographiques, foisonnants comme les habitants de l’île. La poésie se laisse traverser par le parler de cette île dont elle devient l’icône. Un patchwork narratif que l’on imagine bariolé et sucré, mais loin des clichés, entrecroisé des destinées fières et tourmentées, héritières de la misère et de la pauvreté, de l’histoire née de l’esclavage, de la révolte, de l’histoire postcoloniale de la Caraïbe. Le poète à la joie et la faconde, nous le rend palpable par son verbe et nous livre une création artistique exigeante où les mots font l’amour et que la traduction, défi incroyable, rend possible. Lire ce recueil, c’est accepter de se laisser surprendre par un verbe qui nous emmène directement à l’être humain, capté dans sa diversité éclairante.
Edward Kamau Brathwaite est né le 11 mai 1930 à Brigetown, à la Barbade. Il est considéré comme l’une des voix majeures de la littérature caribéenne. Brathwaite a été professeur de littérature comparée à l’Université de New York et a reçu de nombreuses distinctions, dont celles-ci: Griffin Poetry Prize 2006 pour son recueil Born to Slow Horses, le Prix Casa de las Americas, le Prix Neustadt, le Prix Bussa, etc. Utilisant la langue vernaculaire aussi bien que les innovations linguistiques et typographiques, Brathwaite écrit une poésie qui tisse adroitement le fil des thématiques postcoloniales, historiques et personnelles qui lui sont chères.
Pour aller plus loin Quelques mots de l’éditeur sur le poète ici Sur le site des éditions « Mémoire d’encrier »