Il y avait les escaliers hantant qui tournaient, peut être en colimaçon ou en limace, c’est comme ça que le rêve finissait, en queue de poisson. Et la nuit me libérait de la tempête, l’escalier montait encore et encore à l’intérieur du phare, une à une les marches de fer pressaient d’accéder au dernier étage, la plate-forme où l’œil d’huile tournait luisant de feu à la mer, un point sur l’horizon et un repère pour les contrebandiers … J’étais aux étages intermédiaires et c’était la cohue, de drôles de choses s’y passaient sur l’escalier qui contribuaient à me maintenir agité, à genoux risquant un œil aussi haut que je pus vers la lumière, facétieuse avec ses phases ombre, clair, obscur, feu. Était-ce ce que ce tournis signifiait ? N’était-ce que les intermissions des paliers du karma ? Cet escalier ne s’écroulerait pas, il était solidement bâti sur l’eau qui à son tour faisait rage et l’air des orages et des jours de soleil semblait tenir d’une main de fer la droiture corseté de ce petit feu qui tournait, fait pour l’horizontal à perte de vue mais que je percevais dans son élévation. Je pensais qu’il était possible qu’il y ait plusieurs escaliers et que l’on puisse sauter de l’un à l’autre, mais pour l’instant seul cet escalier me menait au Nirvana présumé.
* inspiré par une nuit narguée par un chapitre de « Cristallisation secrète » de Yoko Ogawa, Actes sud.