Les mots sont lourds, aussi lourd que la pesanteur de l’arrêt, comment expliquer ce décalage ? le chien à l’arrêt n’aboie pas , ne détalle pas, il attend immobile que la proie bouge
là pas de proie
pas d’issue,
une immobilité seulement
due non à la fixité de la grammaire mais du fait que la proie ne bouge pas
un peintre y verrait un chatoiement un bouleversement des cimes et le feu dans les broussailles sont un tango mais la proie immobile rend impossible de se mettre à chanter, de se livrer à des excès, de jouer au dieu Pan
les muscles en se raidissant rendent possible cette quête de sens, de nouveau plus qu’en plein midi et qu’une envie de s’endormir, de se laisser aller au vague, l’attention redonne au mot la tension contenue
arrêtée attendant que passe le moment où se jeter, ultime but qui n’arrive jamais,
l’attente érode et la longue phrase luit du peu qui reste, ramenée à l’attentif face à la distance de ce qui s’obstine à ne pas bouger et se confond avec les herbes
sans chute ni départ