Je t’aime
quand sur ta peau remonte la noirceur
les rides de l’ébène
l’éveil sculpte
Reine de Saba
ma bien aimée la plainte de tes cheveux
Tes yeux le cri des sources du Nil
dans les lacs les yeux de l’arbre cru
la nuit quelle est sa propre couleur ?
sur les collines montant vers le noir
une vache
le grelot de sa cloche
riant entre les arbres
me croyant incapable
de faire le chemin jusqu’à elle
et allaiter le pis
ta douceur
émule sacrée de Bénarès
dans mon regard à ton regard
la main
le taureau en rut émerveillé
déchaine la foudre
à même le fil
le chemin qui mène vers toi
le chemin par la maison
les soies les tentures et la lumière
les habits cousus d’or
vers les étoiles le ciel versant
jusqu’au Dieu
dans son ombre Lune
les herbes frisent et ourlent
mon firmament
l’ocre caresse dans le soir
cherchant la couleur
me couchant contre toi et t’aimant
au delà
vers le plateau le sol piétine le héros
le héros
va pour mourir
la colère de l’ombre mène au massacre
elle n’a pas pu le vaincre et il a détruit tout autour
elle m’a ouvert à la lumière
tirant la tenture
brodée des rouges
et m’a laissé entrer
me laissant la pénétrer –
la féconder dans la douceur
Amour
le ciel pénètre ainsi la terre,
coffre de l’étreinte
ses bras des liens de cuir
il reste pesamment sur elle,
l’écrasant
Elle et le Temps
le castrant
l’obligeant à se retirer,
porte de la maison, le refuge,
vers la route, voute céleste
respiration l’air advient enfin,
de toi à moi l’écart d’une haie
d’où se rencontrer,
la braise du hasard,
entre eux le feu à la lumière
gravir et sans brûlure, le temps est parsemé d’olives
ces fleurs remontent d’hier,
se touchant, elles s’enlaçaient,
scellé de rouge les lèvres,
sauvage et essoufflé,
le parfum d’elle, serré de ses cheveux
la lumière de son visage
son corps, donnant vie au mien.