survivre quand l’amour qui a pris la part belle de la beauté de l’existence équivaut a renoncer à la part belle de l’existence
renoncer voila le mot qui tue d’une deuxième mort, reconnait la mort comme la mort, introduit la mort dans la vie
la poésie, est ce cela ? tenter de continuer l’effort à faire survivre l’amour malgré la perte et la fin
tenter simplement de survivre dans la beauté qui ne peut être qu’absolue et empêche tout compromis, si l’amour doit chanter, chant triste ou gai, tragique ou absolu
la poésie pour cette survie nécessite que lui soit subordonné à l’égal de l’amour tout de la vie humaine et de l’esprit, la tapisserie prend tout son sens car la solitude est de tisser
aimer sereinement est sans doute un début de renoncement ou de mise à distance, nécessaire ? car dans le brulot on ne s’aperçoit plus ? mais il s’agit aussi de mourir ;
il s’ensuit que l’amour est plus fort que la vie puisqu’il nécessite sa survie dans ce qui s’apparente plus à la mort qu’à la vie et survivre avec toute la beauté et la force de l’amour dans son absence même
est ce le divin qui vient nous toucher ?cette flèche qui nous meurtrie prouve bien que la souffrance est au cœur de l’amour et quelle nous emporte
la mort sans qu’il y aient de larmes sachant la présence de l’amour induit ce départ immobile mais obstiné car seul importe de ne pas renoncer à ce qui nous a emporté un moment où l’essentiel a été vu
dès lors une décision ultime et héroïque s’impose rendre hommage dans les fils de son existence la chair même de ce qui a été plus fort au sein même d’un soi apaisé, une tranquillité d’esprit et de cœur qui n’a que faire de l’étreinte nous laisse désemparé
les notions même d’amour et de mort n’ont plus cours, l’on parlera de fidélité, d’impossibilité ou de refus de renoncer et dans ce refus l’essentiel à la fidélité à soi, à l’amour et la poésie, la survie dans l’autre, dépassement obligé de soi en l’autre et obstination à se perdre car en amour il est question de perte
car c’est bien là que se joue cette ferveur vibrante
la liberté et l’appartenance à soi même n’ont ni importance ni signification, la solitude si elle se retrouve dans la poésie est au prix de l’étreinte, tel est le paradoxe ultime pour lequel le renoncement est impossible
et par là maintenir l’exigence et la croyance en ce que l’on crée sans qu’il n’y ait rien de définitif.