mais quand l’aube a fini de se lécher les babines bien avant que le vent n’aide le soleil à dessécher l’ ogresse

la lumière a rendez vous sur le port elle s’apprête à embarquer vers l’immense tache de bleu qui se lève
dans le visage rose d’une fleur à peine éclose les mystères au jour naissant sont comme un coup de dé en équilibre sur un coin de la surface du monde et de ce que l’on peut en voir question pointée à la face de la déesse qui ont le sait ne permettra pas sans que les offrandes lui soient déposées aux creux des mains si fraîches que l’on pense à un filet d’eau et que fleurit la lumière corolle d’une âme qui supplie
un bouquet de lauriers rose fraîchement coupés et débordant de jeunesse s’en remet à la lumière et veut échapper à l’implacable du jour s’offre à la lumière s’épanouir sans faillir est ce vaincre l’astre ?
sans rides et les traits comme juste éclos doucement émergeant de la lumière et si sùr de la beauté la violence du monde se tait
partance la voile relie les bords de l’eau et sombre dans le noir qui est un bleu plus foncé qu’il semble la cavité en pleine lumière quand il atteint au blanc et que le baiser se forme sur la lèvre, étouffoir des déceptions et recoin de l’espoir avant que les corps ne s’enlacent et irrémédiablement se perdent
partance la voile dans les vents au contact des eaux relie les points de la fraîcheur à ceux de la profondeur sans qu’il soit besoin d’expliquer les larmes d’un visage sous le voile d’une plainte ancestrale la beauté sur deux cordes vacille tiraillée avant que ne vienne les rides
ne s’arrête pas au miracle de l’aube et anticipe les abîmes se perdant dans la contemplation des dieux et rejoignant la lumière de tous les lieux où prennent feu les collines dans les sources de la tendresse avant de s’embraser une extase est une litanie douce qui se suffit à déprendre le début du jour
d’abord olivier dans ses jaunes le blé
le ciel n’est pas du bleu promis
mais blanc dans le noir de l’ombre

les jeux éphémères sont une échelle où monte la matière vers la musique le chemin le plus sûr en est la voix se glissant dans les douceurs et rudoyant les traces des brûlures douleurs tant qu’un jour ne manque pas tant que ne pleure la joie défaite et un grand deuil éveille une tristesse dans les plis du rose de la lumière dans la voix enroulée sur le noir éternel tant de ce que la nuit s’obstine à cacher au jour
quand la voix monte voulant s’extraire pour apostropher les Dieux se plaindre durement se parant de toute l’innocence des départs de l’aurore tant que de devoir encore souffrir dans la poussée des sèves sachant bien que cette joie dans les montées inextricablement mêlée à l’accablement
qui sauve de la nuit sans le gâchis des terreurs ombrages des soirs quand s’assoupit le jour l’affront du jour se dissipe se sacrifiant reniant les espoirs du vide à l’heure ou s’effondre les bords de la couleur et que monte les chants de la fête dans les feux de l’obscurité et que survit la lueur