« … fut elle gratuite, rien n’est plus dangereux qu’une insidieuse voix de poète, qui parle d’amour et de lune, de jasmin et de rosée dans le quartier des esclaves, et dont les inflexions nostalgiques ont le tremblement même des mains tendues par le désir. Désir d’aimer, désir d’étreindre, désir d’être libre et de s’ébattre, de manger à sa faim et de jouir de la vie, il n’est qu’un seul désir…. et l’essence même du désir est une menace pour la chiourme en soutane ou en uniforme ; et quiconque l’exalte ne peut être qu’un ennemi de l’ordre. Plus dangereuse encore est cette voix si elle n’emprunte ses accents qu’à ceux la même qu’elle veut bercer et nourrir et dont elle se veut la conscience. Le génie de Federico Garcia Lorca qui, dans ses manières, avait de l’ange pourtant, n’a jamais cessé d’employer le vocabulaire des hommes, des bêtes et des plantes. »
( Jean Rousselot, Federico Garcia Lorca ou le rossignol assassiné, 1956)