L’homme du grand fleuve est-ce cet homme qui surgit des méandres lancinants et profonds d’une eau que transpire la terre? Cette appartenance en fait un chant qui cherche des points d’appui sur des variations , les pyrénéennes des contreforts, la forêt féminine de Louve et les sentiers secs de l’errance peule. Tout est mouvement dans cette adhérence où le rythme est dans la langue. Et puis les brumes de l’atlantique d’une Belle au sang qui ensorcelle à même la peau. La conscience de soi est comme un corps aux couleurs d’une âme en drapeau. Nevermore clôt le poème et nous dit qu’il n’y a qu’une façon de prolonger le cours dans le présent, en voir les dominances et les équivalences plus forts que les frottement. Des encres sur papier kraft ont vu le jour au fil du poème.
Le grand fleuve

JE
Me retrouve fier du grand fleuve
La terre sur l’air
accroche à la peau
Je
la bête
indomptée
sauvage
hurlante
Moi l’homme du grand fleuve
Bat mon cœur
tangue mon sang
Les strates pierre à pierre
ma langue rive à mon exil
Caillasse au pied de bois
Feuilleté d’écorces dans les trachées d’ocre
superposées dans les taillis des rocs
Pierres sèches
sur les anfractuosités des vides
et la poussière si fine
Que le pollen pigmente
aux essaims des vents cyans
aux graines des troncs
Taille des feuilles brunes
les filaments
pendent aux verticalités
souples
et filandreuses
Le bois morcelé ouvre la poussée
creuse les vies
aux fastes du pourrissement
les mousses s’humectent des verts
jamais les mêmes


Je bois
je te vois
j’irradie
je me relève
ivre
Limon m’aime
à la vague flotte
Lion
Je m’appuis
à l’âge
ra
m
age
à l’envie
Dos
au
rivage
Belle au sang

Tes vents jaspe
l’ire comme Eire
la mer comme jupe
fend l’air
fier du vent
Es tu le chant
tu encercles
et tu tournes
lourd comme fer
et la tourbe
réitère
le vert
l’enveloppe brune
Dans les creux des yeux
Et un jour à Sligo
l’herbe étendue en plaine
sur la pierre qui concassée en murs
te faisait une robe tachetée
comme un parquet de fleurs
ambre violette
car le ciel illumine en cavalcade grise
renvoie cette illusion
d’une peau tendue
si douce si rugueuse
tourbe hagarde
aveuglantes efflorescences
les nuages sentent que l’air dévale
comme cheval ivre
et enroule le monde
en manteau
bronches de l’ire au vent.
