Invocation

Encre dense et concentrée, s’appuyant plus sur une pesée noire que véritablement un geste libre, il semble que l’influx poétique cherche la trace et l’oralisation de ce que le choc permet. L’imprégnation lorsque le cœur noir est parvenu à prendre possession du dire. Cette recherche têtue d’un courant (ou fluide, semblable à l’encre) à la façon d’un sculpteur ou d’un agriculteur pesant sur l’araire et le sillon, quel texte brutal et vrai peut le retranscrire et mieux l’oraliser. Car le passé ne réside que dans le corps et sa circulation dans le temps. Le titre d’invocation comme une pierre occultant la source va permettre d’en émettre les contours.

Invocation

Toi
Mon frère, mon Père
Ma mère, ma sœur
Le chemin pour te tendre la main
et serrer ce nœud qui nous lie
me fait te rejoindre
par l’écho de la voix
qui résonne
du fond des âges
par le pli de mon corps

Mémoire à travers la matière
Sonorité d’une langue ancienne
Inarticulée

L’écho en est cette empreinte
Trace
Densité incontournable
brute
massive

Ancrage   S’impose dans l’espace  
Crée espace

Air Eau Fer Roche Feu Métal
Pierre Arbre Forêt
Motte Fleur pousse

Vibrent d’un souffle archaïque

Racines imperceptibles et Immatérielles
Plongent dans le corps de la terre
À travers le sien propre 

Peau de Terre

Se mettre à l’abri de la pluie
des vagues du temps
Transperce la peau
De la vie de la terre
Cosmos 
Me dessèche
Me ride
Oblige à être vivant …….!

Mimodrame du dehors
Langage              se déploie
Se fonde lui-même
En sondant sa chair
Relation
Maintient dans son espace

Folie qu’il recèle pour se rejoindre
Lueur de ce deuxième visage 
Masque               peau de terre
La source au fil de ton eau

irrigue        à la voix de la pulpe

Masque
vérité qui remonte de ton sang
Artères de sable  vent

Te dénude

La transe

En ton  chant

Égrène à la voile de tes strates

Maquis de l’âme (2005)

Ne pas se laisser suborner

Le chant n’appartient qu’à lui-même
S’ouvre dans le cri du vivant
Brise
le cadenas de son aliénation

Libérer
l’enchantement des saveurs libertaires
Prendre le maquis de l’âme
au vent marron
Un chant de liberté
entonné au prix d’une fuite


Présence (2006)

La nature
est le lieu de son enracinement
Filiation
Qu’il porte en ses sens
Voisinage

Cette longue habitude de voir

Regard
qui se penche
Creuse

Découvre au sein de la présence

Paysage
Lieu arpenté
Déambulation

Conversation intime avec ce qui y croît

Qui puise à sa source
Meurt
Brille
Et s’y cache



Ce que lui voit
La sensation
Mouvement
Qui le sort de lui même
Et lui donne sens
En l’accordant


Lumière qui donne vie
À ce qui s’anime dans la couleur

Sentant
Affirmant
Scandant
Son enracinement