Feuilles à la main

Si avaler divulgue

Si avaler divulgue

Béance de se nourrir la voracité  tire la langue rouge ouvrant grand la bouche non pour rugir mais pour avaler

l’envie est forte de boursouffler       un crapaud se saisit aux mollets et relâche la panse     la vessie pleine          cette terrible soif à l’infini      cette soif non de se saouler   Dionysos mais boire à la barrique     des litres et des litres et des jours et des lieues entre soi et l’arrêt du train marchant du pas le plus souple et la vue saisissante soudainement regretter de ne pas céder   et laisser l’immobilisme retomber l’entrain se froisser          à la limite étouffer le remord dans l’œuf le beau jaune qui ne deviendra pas coq ni basse-cour ni dindon ni caneton       oh le beau monde que ce train qui comme un trait passe  si avaler divulgue comme une chaine à son cou et faire un trou dans la glace

Voyage pigment baume

  – je déroule le rouleau

 Au mieux les larves se nourrissent de la sève – rêves- pensées geyser -comme des corps derviches s’attouchent – dans un combat sans frénésie, face à face, se rejoignent s’opposant dans le choc frontal

Alliances des alliages, les glaives, dieux visibles et rage voyelle douceur des feuilles posées sur le tissage s’imprègnent du pigment

Et à l’aube

Le brillant du matin de la tombée du soir le ver portant la feuille s’aide de l’âge des troncs, sculpte le passage au-dessus des fibres la bave jette un pont sur les sédiments, reste la terre effritée le jus de pluie s’entend dans les craquements – les accents du sol alimentées par les laves que nous buvons

 

Se plisse ce qui se bée

Quand se plie la peau s’avère l’étonnement se plisse ce qui se bée / saturée comme l’écorce sur la toile un grand manteau recouvre les milliers de petites vies quand la  chaleur se presse

Le soir / réverbère ou lampadaire

Et jusqu’aux recoins de l’ombre comme les pointes acérées des bouts d’aiguilles des queues ultimes et des derniers poils à faire face au vide, hors de la masse s’amassent   

Tunnel sous la répétition l’explosif se frotte aux tôles du silence

Comme un avion décolle laissant des millions de  particules dans l’atmosphère fourbes plaques contre la toile un déversement prudent d’une décoction

Une coupure   

Un brouhaha des mots tordus les clous mêmes des mots tous tordus

Le bitume fume

….

Ces pattes comme des fourmis courent sur la termitière ne sont pas signes mais croissent entassent pêle-mêle la matière

Sans bruit, sans pioche, sans heurt, librement

Emplissent l’espace de son, un petit chien est né, cours, tète ouvert le ciel à la lumière, aimant de tout ce qui est vital

Un chien aboie et je nous jappe, non que je sois chien mais je suis béant

Abeille avide des vivres jaunes

Cours quand court

Croise

Qu’en rien

….

Si égarer re
mue

Il suffit de déplier le drap [pour s’apercevoir que] les plis sont des alvéoles

Habitées par des abeilles [] des longs corps ailés

Géométrie de la cire [quand elle fond incurve] les cuves à miel [répétées à l’infini] dans le sombre les rouges sont tout au fond   

Lignes abaissées [font face à] l’écho brisé, dans le puits [les mots] et la lumière envahissent et mentent

Pate – est-ce la dureté du heurt     la plus légère emprise pèse sur le col

Sous la surface la vase [les chemins d’eau] mis bout à bout sont des canaux ressurgissent [résurgence donc] sans espace sur la quiétude, empèse et soulève les tons, les injections

Le remous végétal est un lexique.

La boue translucide ne transpire plus.

Sous l’écorce. Qui craquelle. Est Apeurée.

Or l’amplitude est dépliée à la limite, on y voit le temps se creuser à force de se distendre.

Or car c’est une suite, la propagation continue en parcelles inondées de motte en motte

Malgré les effluves le fer ou la dérision que représente l’enclos d’où sera retranchée la perspiration parviendra aussi sec que le talus

J’y vois la clarté ma liberté

Plus qu’un mot une voile, une trouée discontinue le halo soumis à l’embrassade l’aimantation des yeux, s’irrite de la pigmentation si égarer le cours revient à revenir.

Pouls à la montée rouge des défaillances aux pentes, se couvre du suc des mûres à l’aile des rouge-gorge.

Avè
ne
ment

Ce sont des bronches qui retiennent le souffle,

Mettent en doute la prose est une clarté clarifier ce qui ne peut l’être

Attenant  à lui-même et que rien n’explique, on ne peut que retenir son souffle et savoir que dedans un feu

Tranchant autour d’elle ; se présentant au soleil en éclipsant

Quand un mot se dresse laisse se muer en muet et se désengage du style, des circonlocutions et des figures

Car partout comme une discrète entente

visibles les accords et la récurrence musique et regard et voix d’un seul tenant, bavard et retenu,

Se prononcent cerclées de rouge, imprudemment ennemi de tout ce qui est attendu, prévisible

Il n’est rien de tel, rien n’est à l’affût,

Etre attentif car de saisir il n’est même pas question, peut-être simplement enclin à être d’un même pas,

Une harmonie écoute, est palpable

Mais ou est-ce de la nommer ? Surprenante, ranime toute son ombre de sens,

En elle de nos temps, épure toute la splendeur Le fleuve à jamais mêlé au mystère, sans métaphore et sans brouillon, prêt à tracer à la volée le trait qui déplie dans ses pleins l’outre-passement de  l’entendement

C’est derrière la buée la densité respectant son silence, attentif et avec soin s’en imprégner

Et volent les bords du dire qui sont le libre dans le tracé ; un visage dans un pull règne, une voix et un regard sont sur ce vertige, le mot surgi repose sur un socle et à sa suite  chaque instant est la somme des un à l’autre et une demande de s’ajuster.

On aura cru toute sa vie qu’il fallait protéger quand elle est partout à l’air libre et rassemble.

Feuille à la main

Dans le grès reflète ce feuille à feuille, cette masse accentuée des mains, un raccourcis sème l’élégance

Le soir descend, le soleil plonge, l’incessant descend

Dans l’alcôve la chute de mon œil pénètre dans cette osmose, cette  syncope des temps.

Percussion et précision, dans la main dissimulent la pensée, la clarté exige du geste qu’il se délie, l’effacement

Quand le monde  exige. La peau la nuit le songe m’a mené jusqu’à sans mesure, l’éclat de luire les mains y songent, comme une glaise un rocher.