Terres en rives du monde – Lambert Savigneux –
Éditions du Petit Véhicule, Galerie de l’or du temps n°261 /2023 avec des encres de Denis Smith. ISBN 978-2-37145-760-7 décembre 2022

Lambert Savigneux, dont c’est ici le troisième recueil aux éditions du Petit Véhicule nous offre avec ce livre un beau voyage à la fois dans le monde réel et dans l’imaginaire des cultures qui le fascinent.
C’est une poésie difficile d’accès au premier abord, mais qui mérite d’être lue attentivement. Une lecture rapide ne livre en effet qu’un kaléidoscope d’images, de notations inattendues, dont on peine à dégager une signification, même si le tout scintille et attire. Mais si on choisit de relire comme il faut lire la poésie, dans le silence et la concentration, comme une sorte de méditation, alors s’ouvre à nous un fabuleux voyage vers les rives du monde et de l’humain.
Tout ici est mouvement, le fleuve, le train, le vol des oiseaux, la marche, et même les cerfs-volants ; la langue aussi est un bateau, la voix a ses rythmes. Mais le mouvement n’est pas un absolu. Il est mouvement vers, découverte et échange. L’océan mène à l’île, à ses révélations. Le voyage est celui de la vie, orages et tempêtes, et de l’amour car « l’océan est femme », et Yemanja la reine de la mer.
Le poète ici écoute, s’imprègne des rythmes du monde « j’ai pensé l’essentiel dans ses rythmes s», opère la jonction entre le monde extérieur et le monde intérieur, car ainsi qu’en témoigne le très beau poème final « L’humain veille » :
« Pays réel débusqué, devenir poétique
redisent la présence de l’homme au monde »
« Terres en rives du monde » est accompagné par de très belles encres de l’artiste australien Denis Smith. En effet Lambert Savigneux, qui est lui-même peintre et a illustré plusieurs recueils de poèmes, sait d’expérience que les différents modes d’expression s’épaulent et parfois se confondent pour exprimer le monde.
« J’ai vu les taillis et les arbres, les collines au loin ou toutes proches
et je les ai peints, j’étais traducteur de l’incongru
je traçais des signes et la couleur était musique,
je voulais être voix »
Cette lecture n’épuise évidemment pas la richesse du livre. Il reste beaucoup à découvrir dans ce recueil intense et foisonnant. A chaque lecteur de faire sa moisson .personnelle.